recherche détaillée

  

 ACTUALITES
   à la une
   international
   france
   société
   régions
   horizons
   analyses & forums
   entreprises
   euro
   communication
   aujourd'hui
   météo
   sports
   sciences
   culture

 AUTRES EDITIONS
.  version texte
 tous les dossiers
 tous les forums
 lettres
 d'information

 les dessins du jour
 le Monde en pdf
 le Monde en html
 édition nomade

 CHAINES
.  interactif
 sortir
 livres
 éducation
 emploi
 immobilier
 finances

 SERVICES
.  archives du Monde
 services
 aux lecteurs

 contactez-nous
 sté des lecteurs

 OUTILS
   espace personnel
   mail gratuit
   mots croisés
   webcam
   outils de recherche
   navigateurs
 & utilitaires

   traducteur
   questions de
 français

L'opposition tunisienne dénonce le soutien de M. Chirac au président Ben Ali
LE MONDE | 10.12.01 | 13h21
MIS A JOUR LE 11.12.01 | 16h53
Envoyer par email cet article à un amiArticle au format texte pour impression
L'ensemble de l'opposition démocratique tunisienne s'est dite "choquée" par les propos de Jacques Chirac, qui avait notament qualifié "d'exemplaire" la politique tunisienne de lutte contre le terrorisme.

Le professeur moncef Marzouki, opposant au président Ben Ali et militant de longue date pour le respect des droits humains, est arrivé samedi 8 décembre à Paris en provenance de Tunis. Cela faisait un an que ce médecin de cinquante-cinq ans, ancien porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT, association non reconnue), attendait de pouvoir rejoindre le poste de professeur associé de santé publique qui lui avait été attribué à la faculté de médecine de Bobigny, après qu'il eut été licencié de la faculté de médecine de Sousse, officiellement pour "abandon de poste".

Le 28 novembre, à la veille de la tournée de Jacques Chirac au Maghreb, le professeur Marzouki avait appris que son interdiction de voyager venait d'être levée mais qu'il restait déchu de ses droits civiques. "Je suis soulagé d'être enfin en France. Le simple fait de marcher librement dans la rue sans être harcelé par la police politique est un événement extraordinaire. Je me sens comme un hémiplégique qui se mettrait soudain à bouger le petit doigt!", a-t-il déclaré au Monde à son arrivée à Paris, avouant cependant ressentir aussi "la tristesse de l'exil".

Mais ce qui inquiète M. Marzouki, c'est de voir que "les dictatures ne se sont jamais aussi bien portées dans le monde depuis le 11 septembre". Il regrette vivement, à ce propos, les déclarations de Jacques Chirac, le 1er décembre à Tunis, à l'issue de son entretien avec le président Ben Ali. "Il serait grand temps que M. Chirac et tous les dirigeants occidentaux comprennent que ce qui leur fait le plus peur – l'émigration et le terrorisme – est la conséquence directe de la dictature et de la corruption, souligne-t-il. Et il faudrait rappeler au président français que, depuis dix ans, M. Ben Ali ne fait pas la guerre aux terroristes dans son pays mais aux démocrates."

"STRICTEMENT SÉCURITAIRE"

Toute l'opposition démocratique tunisienne se dit "choquée" par les propos de Jacques Chirac. Le docteur Mustapha Ben Jaafar, fondateur du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL, non reconnu) est "étonné" d'entendre qualifier "d'exemplaire" la politique tunisienne de lutte contre le terrorisme alors qu'il s'est toujours agi d'une politique "strictement sécuritaire". "La situation en Tunisie, estime-t-il, n'a rien à voir avec celle qui prévaut dans les pays voisins. Le président français fait là un amalgame aussi grave que celui qui assimile terrorisme et islam et qu'il entend dénoncer." Mohamed Charfi, ministre de l'éducation nationale pendant cinq ans sous le régime actuel, passé cette année dans une opposition ouverte mais modérée, redoute que l'Europe, "en fermant les yeux sur les atteintes aux droits de l'homme et sur la nécessaire évolution des pays du tiers-monde vers la démocratie", finisse par "perdre son âme".

L'avocat Nejib Chebbi, secrétaire général du Parti démocrate progressiste (PDP, légal), estime que "la politique tunisienne n'a abouti qu'à l'éradication de la démocratie, tout en laissant entier le problème potentiel de l'intégrisme". Pour le responsable du PDP, la Tunisie "n'est pas un exemple de réussite mais de régression, qui menace les acquis sur le plan social à plus ou moins long terme".

Florence Beaugé




Un pays "exemplaire" pour le président français

A tunis, puis à Alger et à Rabat, Jacques Chirac a rendu plusieurs hommages appuyés au président Ben Ali et à la position "exemplaire" de la Tunisie face au terrorisme depuis l'arrivée au pouvoir de celui-ci, en 1987. "Si tous les pays de la région avaient eu la même attitude, il y aurait eu moins d'atteintes aux droits de l'homme", a-t-il affirmé. M. Chirac s'est réjoui de ce que la Tunisie connaît "un étonnant succès économique et social". Interrogé par les journalistes sur la situation des droits de l'homme dans le pays, M. Chirac a assuré qu'il s'efforçait toujours d'évoquer "des problèmes de cette nature", "sans pour autant alimenter la polémique".