La militante pour les libertés Sihem Bensedrine emprisonnée à Tunis

LE MONDE | 27.06.01 | 13h23Sihem Bensedrine, éditrice, directrice du magazine en ligne Kalima (censuré en Tunisie) et porte-parole du Conseil national des libertés (CNLT, non reconnu) a été interpellée à sa descente d'avion à Tunis, mardi 26 juin, alors qu'elle rentrait d'un séjour en Europe de deux semaines, puis incarcérée à la prison des femmes de la Manouba, dans la banlieue ouest de la capitale.

L'arrestation de cette militante des droits humains a eu lieu quelques jours après qu'elle eut participé à une émission de télévision sur la chaîne privée arabe basée à Londres, Al Mustaquilla, très populaire en Tunisie. Au cours de l'émission hebdomadaire "Le Grand Maghreb", devenue ces derniers mois le rendez-vous favori des Tunisiens équipés d'une parabole, Sihem Bensedrine avait abordé, le 17 juin, à partir de la capitale britannique, le sujet de la corruption dans son pays et mis nommément en cause un juge, ainsi que le beau-frère du président Ben Ali, Moncef Trabelsi.
Un mandat d'amener avait été immédiatement délivré contre elle.

La mise en détention de l'actuelle porte parole du CNLT et les poursuites engagées contre elle interviennent dans un contexte de raidissement du pouvoir tunisien à l'encontre des opposants, en particulier ceux qui s'expriment sur la chaîne Al Mustaquilla, qualifiée mardi de "nuisible à la Tunisie" par le ministre des droits de l'homme, Slaheddine Maâoui.

"PARODIE DE JUSTICE"

Le 19 juin, Mohamed Moadda, ancien président du Mouvement des démocrates socialistes (MDS) s'est vu retirer la mesure de liberté conditionnelle dont il bénéficiait depuis décembre 1996 et a été renvoyé en prison. De son côté, le docteur Moncef Marzouki connaîtra le 7 juillet le verdict de la cour d'appel de Tunis le concernant. A l'issue de ce qu'il avait appelé une "parodie de justice", ce médecin militant pour les libertés avait été condamné en décembre 2000 à un an de prison pour appartenance à une association illégale (le CNLT) et avait estimé inutile de tenter un recours. C'est le parquet qui avait décidé de faire appel.

Moncef Marzouki est à l'heure actuelle sous étroite surveillance policière à son domicile de Sousse et empêché de rejoindre le poste de professeur associé qui lui a été attribué par l'université française.

Fl. B.

 




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